mercredi 19 octobre 2016

J9 | St-Maurice-En-Rotherens - St-Genix | 7km

Aujourd'hui je fais une étape cool, en fonction de la disponibilité des accueils jacquaires.
Arrivé à St-Genix, je déleste ma tente + d'autres affaires qui ne sont pas essentielles (au total 3.5 kilos) à la poste, direction Belgique! En effet, ça faisait déjà plusieurs jours que mes épaules et mon dos se plaignaient des 17 kilos que pèse le sac (ce qui comprend la nourriture et l'eau). Je me sens plus léger!
L'office du tourisme de la ville me permet d'utiliser un de leurs ordinateurs, grâce auquel je suis en train de publier ces quelques articles.
Le soir, mes hôtes (que je contacte à l'avance, généralement la veille) reçoivent de la famille... et moi! Je suis touché de voir à quel point j'ai été bien accueilli jusqu'à présent par des gens ayant déjà fait le chemin, et même convié à leur table apparemment ce soir!

J8 | Yenne - St-Maurice-En-Rotherens | 13.5km

Il est 10h40 lorsque je démarre dans la brume. Rapidement le ciel se dégage, et le soleil ne me quittera plus de la journée.
Le chemin slalome entre prairies et bosquets. La forêt filtre le soleil qui donne à la mousse, trempée par ces 2 derniers jours de pluie, un vert clair éclatant. Le contraste avec les couleurs pourpres de l'automne est splendide. Le chemin mène ensuite au mont Tournier (820m), qui offre un panorama absolument fabuleux sur le Rhône en contre-bas et sa vallée.
Le soir je suis chaleureusement accueilli par Patrick (accueil jacquaire). La journée, il a cueilli avec 2 autres collègues 550 kilos de noix... à la main.
A 20h30, surprise puisqu'il m'annonce qu'il va chercher en voiture un couple de randonneurs qui comptait sur l'ouverture du gîte du village (vous aurez donc compris qu'il était fermé...). Ils ont tous les deux la trentaine. Anna est chirurgien dans un hôpital à Bâle, et Gwydion (oui c'est Gallois) est instructeur d'escalade en Angleterre. Aujourd'hui, ils ont marché 37km... Ils ont le projet de rallier le Puy-en-Velay en 10 jours, avant de reprendre leurs activités respectives.
On mange des pâtes bolo., on boit des bières, et on en profite pour échanger sur la signification que chacun d'entres nous met sur le chemin de Compostelle. Ma foi la recette d'une soirée très agréable!

J7 | Repos

Depuis plusieurs jours, je me disais que j'allais faire un jour de repos à Yenne. Voilà qui est fait.
En revenant du carrefour, où j'aurai acheté le nécessaire pour les 3 prochains jours, je fais la rencontre de David, pèlerin parti de Bâle et dans l'idée folle d'atteindre Compostelle. Il attendait devant une pharmacie, dans l'espoir de pouvoir soigner son pied qui le contraint à l'immobilité dans un camping de Yenne depuis 3 jours. On a évidemment directement sympathisé! Il a le projet de reprendre le chemin le lendemain matin.
En rentrant à l'accueil jacquaire, j'en profite pour avancer dans mes lectures.

J6 | Chanaz-Yenne | 16km

On prend le petit-déjeuner avec notre couple hôte. Tous deux ont déjà foulé le chemin à plusieurs reprises.
Je démarre vers 10h30. D'emblée ça grimpe sec! Le chemin s'aventure vite dans des champs de vignes interminables. J'y ferai quelques rencontres très sympathiques avec des autochtones en promenade. Je ne manquerai pas non plus de goûter plusieurs grappes de raisin sur des vignes déjà vendangées (là où c'est permis - et on ne dira rien à propos des vignes qui n'avaient pas encore été vendangées). Les raisins sont dorés et très sucrés, difficile de s'arrêter!
Au sommet de la falaise, on aperçoit au loin la ville de Yenne. J'y logerai dans un accueil jacquaire, chez un couple de septuagénaires, extrêmement gentils.

J5 | Serrières-Chanaz | 11.5km

Il fait très beau.
Je quitte le camping à midi.
J'aperçois au loin  deux marcheurs bien équipés. J'emboîte leurs pas à quelque 200 mètres d'eux. Bien sûr, ils ne manquent pas de rapidement creuser la distance qui nous sépare.
Pour la première fois, je m'égare du chemin, malgré moi, et surtout malgré le guide très bien détaillé (n'ayons pas peur de le dire). Je traverse des lisières et terrains de chasse, pour enfin retomber sur le chemin qui longe toujours le Rhône.
Je me décide soudainement à marcher normalement, à très faible allure - sans le savoir, j'étais entrain de pratiquer l'exercice de la vitesse, décrit dans le livre "Le Pèlerin de Compostelle" de Paulo Coelho dont je recommande chaudement la lecture. Après tout, si Dieu avait entendu mes prières des jours précédents et m'avait guéri, je n'avais plus de soucis à me faire!
Je retrouve alors l'espoir lorsque j'arrive au gîte "El Camino", à Chanaz, n'ayant plus ressenti de douleur au pied gauche.
En début d'après-midi, je me suis arrêté au bord d'un renfoncement du Rhône, là où 2 pêcheurs dans une barque pêchaient, selon moi, probablement le silure, à en juger par la taille des leurres qu'ils lançaient.
Sur la terrasse du gîte, je rencontre en fait les deux marcheurs que j'avais aperçu plus tôt dans la journée. Le premier, la cinquantaine, vient de Cologne. Le second, 78 ans, vient de la région de Münich. Même si l'exercice est difficile, j'en profite pour tenter de dérouiller au mieux mes connaissances en allemand, qui dorment dans un coin de ma tête depuis 7 ans.
Le soir, on mange de la cochonaille et du pain sur la terrasse, le tour agrémenté d'une très bonne bière ambrée locale, qu'un des 2 germanophones m'aura généreusement offerte.

J4 | Seyssel (côtes) - Serrières (camping) | 12.5km

Les rencontres de la veille font du bien au moral.
10h15 je démarre, je suis le dernier à quitter le gîte. je descends à Seyssel acheter du voltaren, un guide qui renseigne les accueils jacquaires - solutions d'hébergement plus en ligne avec la philosophie du "pèlerin" que des gîtes ou ch. d'hôtes parfois très onéreux.
Je me dirige, tout en longeant le Rhône, vers un camping à une dizaine de km de là. Probablement causé par la pluie continue, un épais brouillard s'installe sur le Rhône. Les forêts à flanc de collines fument (ce qui après réflexion peut sembler paradoxale étant donné toute cette pluie...).
Les sensations aux jambes sont plutôt bonnes, même si je marche toujours bizarrement afin de ménager mon pied gauche. Dans cette optique, mes bâtons m'aident énormément. Je peux les poser simultanément, en même temps que mon pied gauche, afin d'y décharger une partie du poids de mon corps (+sac). Du coup les bras prennent cher!
Au fil de la journée, j'en profite pour réaliser que ce n'est pas une course... Contrairement à ce que j'avais tendance à penser le premier jour.
J'ai tout intérêt à faire de courtes distances jusqu'à ce que mes jambes, de manière générale, me donnent un feu vert franc.
Je réalise aussi que je paie probablement, j'allais dire mon manque de préparation, mais plutôt ma non-préparation totale.
Ce soir c'est riz-champi-thon-tomates, OH YEAH! Et mobil-home chauffé-posé!
P.S: Ma forme physique n'est peut-être pas comme j'aurais pu l'espérer, mais je remercie le Seigneur que mes genoux, mes hanches, et toute autre partie de mon corps me permettent de mettre un pied devant l'autre et de tous les jours avancer plus loin. J'en suis très heureux et reconnaissant.

J3 | Frangy-Seyssel | 13.5km

9h le réveil sonne.
J'entends pleuvoir dehors. Je suis très mitigé à l'idée de me lever, faire mon sac, et partir sous la pluie.
A 10h30 je suis prêt. La tenante du camping, une vieille dame fort sympathique, m'invite à prendre le petit déjeuner. Dans sa générosité, elle m'offre 1L de jus de pommes, des petits gâteaux, et une boîte de Pim's monsieur!
A 11h je démarre et vais faire mes courses au carrefour de Frangy.
Au moment de quitter le camping, je ferai la rencontre de Stefan, un suisse allemand qui aura déjà marché 13km le matin. Ma pélerine - une grande cape imperméable - me protège extrêmement bien de la pluie.
Les 6 premiers kilomètres se passent sans encombre, si bien que je m'essaye à marcher à nouveau normalement. Environ 500m plus loin, la cheville envoie des signaux de détresse => Back to partially disabled mode.
Arrivé au gîte je fais la connaissance de Dominico, un italien qui a démarré le chemin depuis son pays natal. Lui a des problèmes au genou droit depuis son deuxième jour de marche, et je remarque donc que je ne suis pas le seul a éprouvé des difficultés...
Pendant que lui et 2 nouvelles allemandes mangent un plat qui, à en juger par l'odeur qui monte jusqu'au deuxième étage, doit être absolument délicieux, j'écris ces quelques lignes (dans mon carnet) dans une pièce séparée. En effet j'ai opté pour la formule "Nuit uniquement", moins cher. J'achète ma nourriture en supermarché, et j'en profite pour manger ce que je trouve sur ma route (fruits, fruits secs) + ce qu'on m'offre généreusement.
La chambre est chauffée, et ça, c'est bon!

J2 | Charly-Frangy | 18.5km

Après une bonne nuit, le réveil est difficile. Il est 11h45 et je mets les voiles, après un bon thé chaud + un peu de la baguette d'hier. Il fait beau. Et froid.
Tout se passe à merveille jusqu'à, la moitié du chemin, où mon pied gauche m'empêche de continuer. A court d'autre alternative, je m'arrête 30min au soleil, termine le pain de la veille, et avale un anti-infla accompagné d'une poire de derrière les fagots.
Je reprends la route en adoptant une étrange marche latérale, afin de ne plus solliciter l'endroit fragile à mon pied gauche. Probablement sous l'effet du médicament, la douleur se fait moins intense. Je mettrai 4h30 pour accomplir les 9.5km restants (je vous laisse le soin de calculer la moyenne), au terme desquels j'arrive dans ce camping de Frangy, où je dormirai dans un mobil-home non chauffé.
Durant la journée, j'aurai rencontré une allemande... suivie de 2 allemandes! La première, solitaire, prend la peine de me demander comment je vais et pourquoi je marche comme un clown. Elle me dit qu'elle s'appelle Ruth. Je lui rétorque que normalement on est sur la bonne route.
Si la journée a été difficile physiquement, j'en aurai profité pour faire quelques provisions: pommes, poires, noisettes, marrons, noix,... Toutes provenant d'arbres et cultures le long du chemin.

J1 | Genève-Charly | 22km

Du concept, on passe a la réalité. Ca fait un choc... Difficile de m'enlever de la tête la question "Qu'est-ce que je fous ici?". A l'issue de cette première étape, mes pieds ont souffert. Arrivé à Charly je trouve, par chance, un gîte qui s'avère être vide. Le pain multi que j'ai acheté plus tôt dans la journée en guise de plan B pour le soir ne sera pas nécessaire. En effet, à ma disposition se trouvent un excellent thon en boîte ainsi que du riz, dans le garde-manger du gîte. Le tout agrémenté de quelques noisettes que j'avais cueillies plus tôt sur le chemin.
Etat d'esprit actuel: Take it easy, step by step, km après km, et focus sur l'adaptation de mon corps.