lundi 5 décembre 2016

J51 | Arzacq - Arthez de Béarn | 30,5km

La journée démarre sous les meilleures hospices.

Il est 8h50, je quitte le gîte communal. Le soleil est déjà levé au dessous de l'horizon. Le ciel est entièrement bleu.
J'aime bien écouter la radio le matin, notamment quand je déjeune, et c'est ce que je continue à faire aujourd'hui sur les premiers kilomètres. Il y a des émissions intéressantes sur certains postes, et puis surtout j'apprécie de démarrer la journée avec de la compagnie.

Après 1/2 heure de marche j'entends "Et notre prochain invité de prestige est Paulo Coelho" avant que le radiologue n'ajoute "dans nos bureaux à Genève". Ca m'a fait drôle! Du coup je redouble d'attention et mets même le second écouteur (je n'en utilise généralement qu'un sur deux, afin de rester en contact avec mon environnement). Ils parlent brièvement du pèlerinage entrepris par l'écrivain, et puis le journaliste l'interroge sur La Légende Personnelle. Qu'est-ce donc? C'est la raison d'exister de chacun répond Paul. La trouver est déjà une chose, mais de là à la réaliser, il y a encore un gouffre énorme ajoute-t-il.
Ca m'a fait quelque chose de l'entendre à la radio comme ça un peu par hasard, alors que j'avais lu deux de ses livres au tout début de mon pèlerinage.
Après ça ils parlent de politique et ça devient moins intéressant. Je retiendrai quand même l'avis de Coelho: "A ma connaissance, le système politique suisse est probablement celui qui se rapproche le plus d'une démocratie, où le peuple va même jusqu'à voter la couleur des poubelles!"

Le relief est très vallonné: soit ça monte, soit ça descend, sur une douzaine de kilomètres. Les zones encore dans l'ombre du soleil indiquent qu'il a gelé la nuit. Ailleurs la rosée fine est parfois éblouissante, reflétant un soleil magistral qui domine dans un ciel bleu azur. Le soleil a vite faire de chasser le froid nocturne ("angoisses diurnes, terreurs nocturnes"), si bien que je retrouve en short, finally! Au milieu de la journée, les températures seront même printanières (un printemps de Belgique...).

Au sommet d'une côte, je rattrape un vieil homme qui conduit des moutons d'un pâturage à un autre, muni de son bâton et de ses bottes. On tape la discute. Il m'apprend quelque chose que je trouve intéressant: La Provision. Dans le temps, les familles faisaient la provision lorsqu'elles abattaient un gros cochon (200-250 kilos) et ce faisant avaient de la viande pour presque toute une année. Ces gens-là devaient avoir un sacré savoir-faire, cars ils faisaient tout eux-même: tuer la bête, la vider, la découper, la nettoyer, et enfin la conserver dans du gros sel.
Aujourd'hui me dit-il, il aurait du mal à trouver acquéreur pour ses 5 moutons. Car maintenant les bouchers se servent généralement chez des grossistes qui fournissent des morceaux pré-découpés. Dans le temps n'importe quel boucher se serait disputer ses bêtes, fussent-ils à vendre. Mais ce n'est pas le cas. Ils servent d'occupation à cet homme à la retraire, c'est sa raison de se lever le matin me confie-t-il.

A peine 200 mètres plus loin, un tracteur accompagné de son agriculteur-pilote s'arrête à ma hauteur.
"Vous êtes bien courageux" dit-il. Sur ce, je lui fais remarquer que le vrai courageux c'est lui, au four et au moulin depuis tôt ce matin, et que moi je ne fais que marcher. Ca lui vaudra d'esquisser un petit sourire.
Avant de repartir, il me souhaite un "Bonne route", plein d'honnêteté et de conviction. Il avait la pêche cet agriculteur, et il me l'a transmise, si bien que je me surprends à rigoler tout seul après son départ!

En fait je constate que marcher en cette saison me sert pour deux raisons:
1) La pénurie grave de pèlerin (et selon plusieurs avis c'est exceptionnel cette année) me confronte davantage à moi-même, ce qui est finalement un peu le but du jeu.
2) Je m'attire l'admiration et l'encouragement des autochtones que je croise au quotidien. Et c'est souvent un bon prétexte pour démarrer une conversation.

De temps en temps je vois des ardoises accrochées aux arbres, avec de belles phrases toujours signées L'Alchimiste.

Petit pique-nique sympa dans l'herbe, avec panorama imprenable. Et quel calme. Que du bonheur. Je fais même une mini sieste de 15 minutes, c'est dire! Blagues à part, je me sens assez fatigué, et je pense déjà à mon lit.

Je pose mon sac au gîte et je vais faire mes courses pour une omelette de feu de Dieu: oeufs-lardons-champignons-tomate fromage rapé + de la ciboulette que j'ai cueillie sur le chemin.
Sur mon retour au gîte, paf, coucher de soleil sur les montagnes. Le soleil, qui a déjà sombré derrière l'horizon, rougit le ciel au devant duquel sont immobilisés quelques nuages sombres, étirés en largeur. Ca me fait un peu penser à un décor de savane. Enfin juste un peu, le froid s'imposant rapidement étant donné le ciel dégagé.













































































































































































































































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