jeudi 10 novembre 2016

J27 | St Privat - Saugues | 19km

Je suis encore une fois reçu comme quelqu'un de la famille, comme si on se connaissait depuis des années. Haha c'est marrant. C'est une ambiance qui me convient très bien et dans laquelle je me sens vite à l'aise. La veille, Michelle m'apporte un bol de soupe, qui complétera très bien mes pâtes assaisonnées de filet de bacon.

Après un petit déjeuner royal pris en compagnie d'Alain, je déploie mes ailes.
Pendant 3km, le chemin flirte avec le flanc de la montage. Au bout d'un moment, on aperçoit le fin fond de la vallée. Je rigole intérieurement, en me disant "Imagine que le chemin passe par là", moi qui redoute maintenant les longues descentes. 90 minutes plus tard, je me retrouve en bas... Et puis 600m plus haut (dénivelé vertical) je suis au dessus de la montagne voisine! A quelque 1100m.
Malgré la grosse ascension, je commence à me les cailler. Météo-France avait donc bien raison, les températures chutent.
Je m'arrête à l'arrache, en bordure de clairière, sous un Pin, où je m'assied pour manger un peu de pain et de saucisson. A peine à la moitié de mon lunch, le vent se lève, et je vois un énorme nuage noir envahir littéralement la vallée d'en bas. Je le remercie d'avoir attendu que j'y sois passé pour faire son entrée. Il me répond "Attends gamin, je ne suis pas venu seul". En effet, je me retourne et vois la même chose qui m'attend dans les prochaines minutes. Cinq exactement. Et c'est une amicale tempête de grêlons qui sévit! Moi qui étais justement si fier de toujours pouvoir marcher en short, c'est moins pratique maintenant. Je sors ma cape. Ce n'est pas une cape d'invisibilité, juste une cape pour me protéger des intempéries. Les grêlons s'accumulent entre mes chaussettes et le haut de mes chaussures, lorsque je décide de reprendre la route, l'averse ne diminuant pas d'intensité et le froid me gagnant.
Avec la chaleur de mes pieds, les grêlons fondent, et j'ai bientôt les chaussures trempées. Il reste 5km.
Ouf, le clame revient après 15 minutes. La marche me réchauffe aussitôt. J'opte sérieusement pour l'option du pantalon pour la suite (il me suffit d'attacher à mon short deux bouts de tissus via fermeture éclair).

J'arrive tranquillement au gîte. Catherine et Patrick m'offrent une tisane, que je chéris particulièrement, après avoir enfilé mes slashs. Une fois de plus, je suis seul dans ce gîte de 10 personnes. Catherine et Patrick ont tous deux marché jusque Compostelle, exception faite pour Patrick qui, en plus de l'avoir fait avec sa femme, le fait aussi régulièrement en tant qu'accompagnateur de jeunes en difficultés ("prisons" pour jeunes, famille d'accueil, décrochage scolaire,..).L'association s'appelle "Seuil". Elle est connue en Belgique aussi.
Je trouve que l'initiative fait beaucoup de sens.D'ailleurs, les chiffres parlent d'eux-mêmes: 63% de réinsertion pour les jeunes (= concrétisation de projets,..) après 1800 kms en binôme avec l'accompagnateur, contre 95% de récidive en sortie de prison lors de la première année. Pendant la marche, je jeune se retrouve face à lui-même, éloigné de son milieu souvent défavorisé, et de ses fréquentations. Il est en connexion avec la nature, et ça, ça doit jouer pour beaucoup aussi. Sans parler des rencontres qu'il fera inévitablement. En plus, c'est une expérience très enrichissante pour l'accompagnateur, comme me l'explique Patrick.

C'est en ami que je suis reçu ce soir. Avant de monter à l'étage, ils me font remarquer l'étrange linéarité du chemin de la Puenta de La Reina à Compostelle. Même linéarité entre les Cathédrales de Reims vers des villes plus à l'ouest en France. Tout ça pour expliquer que l'homme s'est toujours déplacer d'Est en Ouest, du lever du soleil vers le coucher du soleil, comme si le soleil indiquait la direction à suivre. Ca, c'était avant, quand il n'y avait pas de cartes, pas de boussoles, qu'on ne savait pas que la terre était ronde...
Il est par ailleurs amusant de remarquer que St Jacques de trouve à l'extrémité Ouest de L'Europe. Cogitou, cogitou,...

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